Petite ville des plus pittoresques, mais fatigante à parcourir. J’avais à voir plusieurs personnes.
– Des parents ? Des amis ?
– Non ; des gens du pays, tout à fait étrangers pour moi. »
Malgré son aplomb habituel, Melle Amanda se sentait mal à l’aise. La façon singulière et quasi moqueuse dont parlait son interlocuteur l’inquiétait. Soliveau poursuivit :
« Joigny est fertile en autographes. Je savais en trouver, mais je ne croyais pas en rencontrer de si curieux. »
Melle Amanda se sentait de plus en plus mal à son aise.
« Je vous ennuie peut-être avec mes autographes ? lui demanda tout à coup Ovide du ton le plus naïf.
– Mais pas le moins du monde… au contraire…
– Je continue donc. Il y avait par exemple deux pièces curieuses, signées d’un nommé Raoul Duchemin. »
Melle Amanda se sentit défaillir. Elle répéta :
« Un nommé Duchemin ?
– Oui, un joli garçon, que j’ai eu la bonne fortune d’enlever à la cour d’assises où il allait passer comme faussaire. »
De pâle qu’elle était, Amanda devint pourpre.
« De ce que vous me disiez tout à l’heure, demanda Ovide, je dois conclure que vous n’êtes jamais allée à Joigny ?
– Jamais !
– En êtes-vous bien sûre ?
– Comment, si j’en suis sûre ! balbutia l’essayeuse. Pourquoi m’adressez-vous cette étrange question ?
– Pourquoi ? répondit Ovide. Parce que j’ai acheté, moyennant la somme de mille cinquante francs, à Mme Delion, modiste, un autographe signé : Amanda Régamy…
– Arnold ! Arnold ! s’écria l’essayeuse tremblante, éperdue, vous savez tout. Cette femme vous a tout dit…
– Certainement elle m’a tout dit, vous en avez la preuve. Mais pourquoi trembliez-vous ainsi ? Puisque