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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/346

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XIII

Au moment où cette scène se passait, à Courbevoie, Mary frappait à la porte de Lucie. Celle-ci ouvrit.

« Vous, mademoiselle, vous, chez moi ! balbutia-t-elle.

– Je viens causer avec vous d’une chose très grave. »

La fille du millionnaire s’assit, puis, regardant bien en face l’ouvrière, entama brusquement l’entretien par ces mots :

« Vous m’avez dit que vous étiez orpheline ? Ne connaissant pas votre famille, élevée à l’hospice des Enfants-Trouvés ; sans fortune, par conséquent ; sans autres ressources que celles que vous donne un travail assidu ?

– C’est vrai ; mais je suis heureuse ainsi.

– Heureuse ! répéta Mary d’un ton ironique, j’en doute.

– Je vous assure… commença Lucie.

– N’insistez pas. Vous ne changeriez rien à mes convictions. Eh bien, je viens vous dire ceci : je suis riche, moi… je suis très riche… et je veux assurer votre avenir.

– Assurer mon avenir : de quelle façon ?

– De la façon la plus simple et la plus large. Je vous offre un capital de trois cent mille francs. »

Ce fut au tour de Lucie de regarder Mary bien en face.

« Est-ce qu’elle devient folle ? » se demandait-elle.