« C’est un marché que je viens vous proposer.
– Expliquez-vous mieux, mademoiselle… vous venez me proposer un marché. Quel est ce marché ?
– Immédiatement après avoir reçu la somme, vous quitterez non seulement Paris, mais la France.
– Quitter la France ! Mais pourquoi ?
– Pour que je ne vous voie plus ! Pour que je ne vous sente plus près de moi, dans la même ville… pour que je ne vous trouve plus sur ma route à toute heure… pour que ma vie qui s’éteint se ranime… pour que je puisse enfin goûter le calme et le bonheur !… »
Lucie s’était levée d’un bond.
« Ah ! s’écria-t-elle, vous venez de me faire comprendre votre changement à mon égard ! Vous êtes jalouse de moi !
– Oui, jalouse de vous ! répliqua Mary en se levant à son tour.
– Vous aimez Lucien !
– Je l’aime.
– Et vous comptez que je vais m’éloigner de Lucien en jurant de ne pas le revoir ! Et vous m’offrez trois cent mille francs pour prix de ce sacrifice !
– J’augmenterai la somme s’il le faut…
– Et vous avez pu croire que j’accepterais ce marché !
– Pourquoi le refuseriez-vous ?
– Pourquoi ? Parce que j’aime Lucien ! Je l’aime d’un amour qui vivra aussi longtemps que battra mon cœur ! Et vous avez cru que ce cœur était à vendre ! Mais quel immense mépris avez-vous donc pour moi ?… Je repousse avec horreur le honteux marché proposé par vous. J’aime Lucien… Vous l’aimez aussi ! Qu’il choisisse !… Et maintenant il me semble que nous n’avons plus rien à nous dire… »
Au lieu de s’éloigner, la fille du millionnaire se laissa tomber à genoux, puis, balbutia d’une voix que les larmes rendaient presque indistincte :
« Je l’adore, et je mourrai s’il ne m’aime pas. Ayez pitié ! »
En face de ce désespoir de l’enfant que la mort avait