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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/350

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vant il avait laissé tomber, et il le présenta à Paul Harmant.

« Montrez-lui ceci, monsieur, fit-il, Melle Mary comprendra que je ne puis épouser la fille de l’assassin de mon père ».

Évidemment ces paroles, dans l’esprit de Lucien, ne pouvaient s’appliquer qu’à la fille de Jeanne Fortier, mais le double sens apparut terrible, effrayant, au véritable meurtrier.

« Ainsi, dit-il d’une voix tremblante, mes prières ne pourront hâter le bonheur de ma fille ?

– Je sollicite quelques jours pour réfléchir…

– Mais c’est à Mary qu’il faudra dire cela.

– Eh bien, monsieur, je lui dirai ce soir même. Permettez-moi de garder ce procès-verbal pendant vingt-quatre heures.

– Gardez-le tant que bon vous semblera. »

Lucien sortit, le cœur gonflé. Il envisagea la situation.

« L’évidence s’impose ! Lucie est bien la fille de Jeanne Fortier… Je doute que Jeanne Fortier soit coupable, mais il y a cent preuves de son crime et pas une de son innocence !… L’union rêvée est impossible. Elle ne se fera pas. Ah ! pauvre Lucie ! dont je vais briser le cœur en même temps que le mien. Adieu, mon amour ! Adieu tout ! »

Et Lucien, la tête penchée sur sa poitrine, ne lutta point contre la douleur qui l’écrasait.