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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/365

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une cuisine. Ovide serra sa valise dans son armoire dont il eut soin de retirer la clef. Puis il revint à l’hôtel et traça les lignes suivantes :


« Mon cher ami,

« Je suis en villégiature à Bois-le-Roi avec une jolie personne. Si tu avais besoin de moi ; écris ou télégraphie au baron Arnold de Reiss, à l’hôtel du Rendez-vous des Chasseurs. Bien à toi. OVIDE. »


Cela fait, le Dijonnais se dirigea vers la gare où il mit sa lettre à la poste. Il avait une heure à employer. La forêt de Fontainebleau lui offrit un but de promenade.

Il aperçut un groupe de cinq personnes assises au pied d’un chêne. Au centre se trouvait un homme dont les cheveux blancs attestaient le grand âge. À sa droite, se voyaient une femme de cinquante ans environ et deux jeunes filles. À sa gauche un homme de quarante-neuf ans, vêtu de noir. Disons tout de suite que c’était un médecin. Ovide avançait toujours. La voix du vieillard, un octogénaire, frappa son oreille, et il tressaillit.

« C’est singulier, se disait-il en s’éloignant, voilà une voix qu’il me semble bien avoir entendu quelque part. Et l’homme en redingote noire, je le connais aussi… »

Laissons-le s’éloigner. Le médecin parlait.

« Ainsi, disait-il, en 1861, vous vous êtes embarqué à Londres sur le Lord-Maire à destination de New York. Sans nous en douter nous nous trouvions sur le même navire, monsieur Bosc ; il y avait à bord un grand industriel américain, James Mortimer ; et un Français, plus tard son gendre, M. Paul Harmant.

– Oui, nous étions ensemble, fit l’octogénaire. Ce nom de Mortimer me le prouve et me rappelle une tentative de vol dont j’ai failli être victime, j’avais sur moi, dans une sacoche, une somme importante. Un misérable coupa la courroie et s’empara de la sacoche.