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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/369

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se trouvait en ce moment tout près de lui. Elle poussa une exclamation :

« C’est lui ! C’est bien lui ! C’est Duchemin !… »

Le chef de gare avait entendu l’exclamation.

« Vous connaissez ce jeune homme, madame ? » fit-il.

Le souvenir du passé de Joigny ne lui permettait pas de répondre d’une façon affirmative à cette question.

« J’avais cru… balbutia-t-elle, mais je vois bien que je me trompais ; une ressemblance très vague…

– Ce jeune homme n’est que blessé, dit le docteur. Qu’on le porte de ma part au Rendez-vous des Chasseurs.

– Voilà qui s’arrange mal, pensait Amanda. Je n’aurais pas voulu que le baron vît Duchemin… »

On emportait déjà le blessé. La jeune fille suivit à quelque distance. La civière entra dans la cour de l’auberge ; l’amie du baron de Reiss rejoignit alors l’hôtesse.

« Vous savez l’accident, madame ? lui demanda celle-ci.

– Il s’est passé presque sous mes yeux. Je sais même qu’on vous a amené des blessés.

– Trois. Deux dames et un jeune homme. »

Ovide Soliveau entra. Il avait l’air parfaitement dispos.

« Je viens d’entendre parler d’un accident », fit-il.

Amanda raconta ce qu’elle avait vu, en ayant soin de ne point parler de Duchemin reconnu par elle.

Vers sept heures, Ovide et sa compagne regagnèrent la villa des Mûriers où on allait leur servir à dîner.

Ovide prolongea le repas. Amanda servit le café.

« Quelle liqueur boirez-vous, mon ami ? demanda-t-elle.

– Du rhum, ma poulette, selon mon habitude… et vous ?

– Oh ! moi, de la chartreuse, c’est mon faible. »

Melle Amanda posa la bouteille de rhum à côté d’Ovide, remplit pour elle un petit verre de chartreuse mélangée de liqueur canadienne, puis, ayant pris son café, vida son verre d’un seul trait, le remplit de nouveau, et, tout en causant et en fumant, le but par petites gorgées.