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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/374

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II

Nous avons laissé Jeanne Fortier et Lucie fort tristes toutes deux ; Lucie se sentait en proie à un chagrin mortel. Le dimanche s’était écoulé et Lucien n’était point venu. Pas même un mot de lui… pas une lettre… pas une excuse… Que signifiaient cette absence inexplicable, ce silence menaçant ?

Jeanne souffrait autant, plus que sa fille, mais elle n’avait ni la force, ni le courage de lui apprendre la vérité.

Deux jours encore, Lucie patienta, puis elle résolut de savoir. Elle écrivit d’abord à Lucien. La lettre resta sans réponse.

« Elle me l’a pris ! murmura-t-elle, songeant à Mary. Eh bien, j’irai chez lui ; non pour mendier son amour, mais pour apprendre la cause de son lâche abandon. »

Lucien quittait l’usine à sept heures ; et à sept heures et demie Lucie se présentait rue de Miromesnil. Deux ou trois fois la jeune fille avait accompagné Lucien jusqu’à sa porte. Du dehors, il lui avait montré les fenêtres de son logement ; mais elle ignorait en quel endroit se trouvait sa porte sur le carré de l’étage. Elle fut donc obligée de s’adresser à la concierge :

« M. Labroue, s’il vous plaît ? balbutia Lucie.