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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/379

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comme je l’ai connue autrefois, la pauvre Jeanne… »

Lucie regarda Jeanne Fortier avec une véritable stupeur.

« Vous avez connu ma mère, vous, maman Lison ? fit-elle.

– Oui, ma mignonne. C’était, je vous le jure, une créature incapable d’une mauvaise action. Elle aimait ses enfants, car elle en avait deux… un fils et une fille…

– Un frère, s’écria Lucie… J’ai un frère…

– Vous en aviez un. Il a disparu comme vous aviez disparu vous-même. Elle les adorait, la pauvre Jeanne, et ne se doutait guère qu’un jour la fatalité la séparerait d’eux. Oui, je l’ai connue, bonne, douce, aimante, et il a fallu qu’un misérable vînt jeter le trouble dans sa vie en commettant un crime et en ayant l’adresse infernale de la faire accuser par de fausses apparences… Croyez-moi Lucie, mon enfant, il ne faut point maudire votre mère…

– Oh ! je ne la maudis pas, et cependant elle est la cause de toutes mes douleurs… Une condamnation injuste a frappé ma mère, et je porte la peine de cette condamnation. Est-ce que ce n’est pas horrible, cela, maman Lison ?

– Il faut espérer, mon enfant, répliqua Jeanne. Qui sait si votre mère ne retrouvera pas le vrai coupable ?

– Elle s’est échappée de sa prison, Lucien me l’a dit…

– Elle s’est échappée, oui… fit Jeanne vivement, et je crois que son évasion avait pour but de chercher Jacques Garaud, le vrai, le seul coupable… Courage, ma fille, courage, ma chère mignonne ! Maman Lison est auprès de vous… »

Et Jeanne serra la jeune fille sur son cœur bondissant.