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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/382

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– À la mairie de Joigny, où la nourrice de Lucie avait fait la déclaration de dépôt de l’enfant à l’hospice des Enfants-Trouvés de Paris.

– Mais, qui lui avait fait supposer que Lucie fût la fille de Jeanne Fortier ? Comment savait-il ? Lucie avait été élevée à Joigny ?

– Je l’ignore, répliqua Lucien. Tout ce que je sais, c’est que j’aimais, et que je ne dois plus aimer…

– Je vous ai entendu exprimer la conviction que Jeanne Fortier était innocente.

– Cette conviction ne repose sur rien de précis. La justice humaine a condamné Jeanne Fortier comme assassin de mon père. Puis-je épouser la fille de Jeanne Fortier ?

– Cent fois non ! répliqua Georges. Oublie Lucie… D’ailleurs, quel autre parti prendrais-tu ?

– Je voudrais prouver l’innocence de Jeanne Fortier et provoquer sa réhabilitation.

– Très bien ! Où sont les faits nouveaux que tu peux articuler pour demander la révision du procès ?

– Je n’en ai pas, hélas ! Si je voyais Jeanne Fortier, peut-être me fournirait-elle les moyens qui me manquent !

– Elle s’est évadée, mais admettons que tu te mettes en rapport avec elle. Il y a vingt ans, elle n’a pu fournir la preuve de son innocence… Comment le pourrait-elle aujourd’hui ? Allons, sois homme, sois fort ! Renonce à Lucie et épouse la fille de Paul Harmant. N’est-ce pas votre avis, mon cher tuteur ?

– Non… répondit Étienne. Le hasard a fait se rencontrer la fille de Jeanne Fortier et le fils de Jules Labroue ; il peut faire éclater tout à coup l’innocence de Jeanne.

– Et si le hasard ne se produit pas, Lucie aura perdu son avenir.

– Et s’il découvre un jour que Jeanne était innocente, il regrettera toute sa vie d’avoir passé à côté du bonheur.

– La situation est affreuse ! murmura Lucien. Que faire ?