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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/385

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– Après dîner, dit Soliveau, vous avez eu une sorte d’attaque que rien ne motivait. Vous paraissiez souffrir beaucoup, à en juger par vos gémissements et vos cris.

– C’est singulier ! Jamais rien de pareil ne m’est arrivé. »

Le médecin reprit :

« Tout danger, je vous le répète, a disparu, et mes soins sont inutiles. J’ai l’honneur de vous saluer, madame. »

Ovide reconduisit le docteur qui lui dit en le quittant :

« Gardez-vous, monsieur, de donner à cette femme une seconde dose de la liqueur canadienne versée par vous hier soir sans modération. Vous la tueriez ! »

Ovide rentra dans la chambre d’Amanda.

« Voyons, lui dit la jeune fille, maintenant que nous voilà seuls, parlez-moi franchement. Que s’est-il passé hier ?

– Je n’en sais pas plus que vous. Rien n’avait provoqué votre soudain malaise. Je me suis élancé dehors, pour me mettre en quête d’un médecin, et j’ai trouvé celui que vous venez de voir. Je vais vous envoyer Madeleine et aller déjeuner. »

Ovide sortit. La jeune fille le suivit du regard.

« Non ! non ! murmura-t-elle ensuite, ce n’est pas naturel, et tout cela me semble suspect. Et je ne me souviens de rien ! Ah ! si, cependant ; j’avais pris mon café et bu deux verres de chartreuse. Tout à coup, je ne vis plus rien ; je n’entendis plus… Si ce gredin d’Arnold avait voulu m’empoisonner ! »

Amanda, oubliant sa faiblesse, courut à la table non desservie, prit la bouteille de chartreuse et l’examina. Elle était vide.

« Et cependant je n’ai pas tout bu ! fit la jeune femme. Je me souviens qu’il restait encore au moins deux ou trois verres au fond de la bouteille. C’est dans la chartreuse que ce vilain homme aura versé le poison, et il a fait disparaître ensuite le mélange. Ah ! comme j’avais raison de me défier. Quel est donc cet homme