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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/388

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* * *

René Bosc, sa famille et le médecin étaient arrivés à la maison de la sœur de ce dernier, maison voisine de la villa des Mûriers. La jeune femme était assise dans le jardin sous la voûte de verdure touchant au mur d’enceinte. Le docteur conduisit vers elle ses visiteurs.

« Asseyez-vous là, près de moi, monsieur Bosc, dit-elle au vieillard, vous y serez à l’abri du vent qui est fort désagréable.

– Fort désagréable en effet, madame, répondit l’octogénaire. En m’enlevant mon chapeau, il y a quelques minutes, il m’a mis en présence d’un misérable de la pire espèce. »

Melle Amanda, nous l’avons dit, s’était assise dans le jardin de la villa des Mûriers sous un berceau contigu à la muraille. Entre elle et les causeurs, il n’y avait que cette muraille. La voix de René Bosc la tira de ses réflexions. Elle écouta.

« Vous parlez du Baron de Reiss alors ? » fit le docteur.

Amanda fit un brusque haut-le-corps.

« Quel nom venez-vous de prononcer ? dit René Bosc.

– Celui du baron de Reiss.

– Et vous l’appliquez à l’homme à qui j’ai dit que nous étions ensemble à bord du Lord-Maire en 1861 ?

– Parfaitement.

– D’où le connaissez-vous ?

– J’ai été appelé la nuit dernière à soigner une jeune femme qui habite avec lui la villa des Mûriers… »

Amanda, pour mieux entendre, s’était levée et avait grimpé sur le banc. Sa tête arrivait au niveau du mur.

« Cet homme, mon cher docteur, reprit René Bosc, n’est pas un baron. Il s’appelle en réalité Ovide Soliveau.

– Ce triste personnage, mécanicien de son état, était il y vingt et un ans sous le coup d’un mandat d’amener. Il passait en Amérique et se trouvait à bord du Lord-Maire en même temps que vous et moi. Or, c’est lui qui m’a volé toute ma fortune.

– Et vous avez laissé son crime impuni !