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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/389

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– Un passager nommé Paul Harmant avait imploré grâce en me rapportant mon argent intact.

– Je ne savais rien sur son compte, répondit le docteur, et cependant sa physionomie m’a déplu dès le premier moment. Or, il s’est passé cette nuit, à la villa des Mûriers, quelque chose de plus que suspect. Vous souvenez-vous de ce que je vous racontais il y a quelques jours au sujet de la liqueur canadienne dont on m’avait vanté les propriétés ?

– Oui, je me souviens parfaitement.

– Eh bien, cet homme en a fait usage cette nuit pour provoquer l’ivresse brutale qui donne le délire, et pour faire parler la femme qui l’accompagne. Je suis passé juste à temps ! Le danger devenait grand.

– Pourquoi donc ?

– La dose de liqueur était trop forte. Sans une potion que j’ai administrée, la malheureuse serait morte.

– Peut-être ferait-on bien d’édifier l’hôtesse du Rendez-vous des Chasseurs sur le compte de ses locataires…

– À quoi bon ? demain sans doute ils auront disparu. »

La conversation s’engagea sur un terrain neuf. Amanda descendit de sa chaise et rentra dans le pavillon.

« Allons, murmura-t-elle, j’avais bien deviné. C’était un voleur autrefois et le voleur est devenu assassin ; il a été en Amérique le protégé de Paul Harmant. Tout s’enchaîne. Il lui fallait des renseignements, c’est moi qu’il a choisie pour les lui donner. Il a failli me tuer en versant la liqueur indienne pour me faire parler, et, sans le moindre doute, j’ai parlé. À l’heure qu’il est mon opinion sur son compte n’est plus un mystère pour lui, mais il ignore que je sais qu’il sait tout. Nous verrons qui sera le plus fort ! Ovide Soliveau peut partir. Il connaît Paul Harmant, et par Paul Harmant je le retrouverai. Cette liqueur dont il a fait usage, elle doit être ici. »

Melle Amanda allait se livrer à une perquisition sérieuse, lorsqu’elle entendit du bruit. Ovide entra.

« Je vous croyais dans le jardin, ma belle poulette, dit-il.