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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/392

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prie de vouloir bien m’apprendre de quoi Lucie est coupable.

– Je n’accuse point Melle Lucie ; je ne me plains pas d’elle. Je désire qu’elle ne remette plus les pieds chez moi.

– Mais pourquoi ?

– Parce que je le veux ! » fit Mary d’un ton hautain.

Mme Augustine éprouvait pour Lucie une affection quasi maternelle. L’attitude de Mary à son égard lui fut très pénible. Elle répliqua avec fermeté :

« Il m’est impossible de bien me contenter de ces paroles. Vous faites naître dans mon esprit des soupçons sur une enfant qui possédait toute ma confiance et qui a été blessée dangereusement à mon service. Vous avez un grief contre elle. J’ai le droit et le devoir d’insister pour connaître ce grief.

– Je n’ai rien à vous répondre. »

Au moment où Mary prononçait ces mots, la portière du salon se souleva et Lucie, se soutenant à peine, parut sur le seuil.

« Quand on commet une infamie, mademoiselle, dit-elle, on a du moins le courage de la commettre tout entière.

– Lucie… Lucie… s’écria Mme Augustine toute tremblante.

– Oh pardonnez-moi, madame, répondit l’ouvrière, j’étais là derrière cette portière… J’attendais que vous fussiez seule. Le hasard m’a permis d’entendre les paroles prononcées par mademoiselle, et l’indignation ne m’a pas laissée maîtresse de moi. On m’insultait… Pouvais-je ne pas me défendre ?… Me voici. Priez Melle Harmant de vous dire en ma présence pourquoi elle ne veut pas qu’à l’avenir je remette les pieds chez elle.

– Madame, fit Mary en s’adressant à la tailleuse, vous me laissez insulter chez vous…

– Je vous prie de vous expliquer ! interrompit Lucie. Est-ce une insulte, cela ?

– Assez ! commanda Mary.

– Vous m’écouterez. Je veux me justifier. »