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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/396

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– Parfaitement… Il demeure rue Bonaparte, numéro 87.

– Eh bien, c’est lui que j’irai trouver.

– Il est l’ami de Lucien Labroue, il vous éconduira. Et puis il est l’avocat de M. Paul Harmant.

– Que m’importe ! M. Darier peut engager son client à cesser ses infamies, lui faire comprendre que la diffamation est un crime punissable… Je n’hésite point, et je vais de ce pas trouver M. Darier. »

Jeanne sortit vivement de la mansarde. En moins de vingt minutes elle arrivait à la demeure de Georges.

La veille servante vint lui ouvrir.

« M. l’avocat Darier ? demanda Jeanne.

– Monsieur est allé plaider à Tours, répondit la servante. Il ne revient que mercredi prochain.

– Six jours ! Six jours à attendre ! » murmura Jeanne.

Elle regagna le quai Bourbon. Lucie, prise d’une fièvre violente, avait été obligée de se mettre au lit. La porteuse de pain se mit en quête d’un médecin. Ce médecin, après avoir examiné la jeune fille, hocha la tête, pinça les lèvres, fronça les sourcils. Le cas était grave. Une fièvre cérébrale pouvait se déclarer d’un moment à l’autre.

* * *

Nous devons expliquer la présence de Raoul Duchemin dans le train tamponné à la gare de Bois-le-Roi. Quoique le détenteur des faux billets eût payé, il ne se gênait nullement pour raconter l’histoire du remboursement effectué par le protecteur inconnu du jeune employé. On sut dans Joigny que Raoul Duchemin avait de l’argent plein ses poches, et on se demanda par quel concours de circonstances il se trouvait en état de payer ses dettes.

On avait vu Duchemin causer avec un inconnu, dîner et déjeuner en compagnie de cet inconnu. Cela parut suspect. La rumeur publique arriva jusqu’aux oreilles du maire de Joigny. Ce fonctionnaire demanda des explications à son employé, lequel n’en put fournir aucune. La conclusion fut celle-ci :