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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/397

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« Il est impossible que vous fassiez plus longtemps partie de l’administration municipale. Donnez donc votre démission, sinon je serai contraint de vous révoquer. »

Duchemin se trouva sur le pavé. Tout d’abord le jeune viveur songea à aller à Paris. Possesseur encore de quelques pièces d’or, il prit le chemin de fer. Nous savons l’accident et la suite.

Amanda attendait avec impatience le moment où l’état du blessé lui permettrait de se présenter à lui, sans s’étonner que le baron de Reiss n’eût point reparu.

Elle avait deviné que son départ cachait une rupture, mais elle caressait une idée fixe, celle de se venger.

Enfin, un jour, Madeleine lui fit signe qu’elle pouvait se rendre sans être aperçue chez le convalescent.

Le jeune homme s’attendait si peu à voir son ex-maîtresse, qu’il ne la reconnut pas tout d’abord. Amanda s’avança jusqu’au lit, Duchemin la reconnut alors.

« Amanda ! s’écria-t-il, toi ici !…

– Oui, moi, mon bon chien, répondit la jeune femme en lui prenant la main qu’elle porta à ses lèvres. J’ai été témoin de l’accident. Je t’ai reconnu : j’ai pris de tes nouvelles tous les jours, et j’ai attendu le moment où je pourrais enfin te voir… »

Le souvenir du mauvais passé revint au jeune homme.

« Que me veux-tu ? dit-il en dégageant sa main. Si je suis blessé, si j’ai failli mourir, c’est à toi que je le dois !

– À moi ! s’écria la jeune femme stupéfaite.

– Oui, à toi, car si j’ai perdu l’emploi qui me faisait vivre, si j’ai dû fuir Joigny, c’est à cause de ces misérables billets que j’ai signés pour t’en donner l’argent et qui ont failli me conduire au bagne !

– Cher Raoul, fit Amanda d’une voix tremblante d’émotion, je t’ai fait inconsciemment beaucoup de mal… Je le regrette, je t’en demande pardon… mais ma visite a des motifs sérieux, je t’assure. Consens-tu à m’écouter ? à me répondre ?

– Il le faut bien, puisque tu es là !

– J’ai tout d’abord à te mettre en garde contre les périls qui te menacent. Tu connais le baron de Reiss ?