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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/426

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avis. Le peintre Étienne Castel partage leur opinion. Pour eux tous, Jacques Garaud est vivant, et Jeanne Fortier subit la peine qu’il devrait subir… Une étincelle au milieu de ces ténèbres, et le passé s’éclaire ! Un mot imprudent et tout est perdu !

– Voyons, voyons, du calme ! dit Ovide. Rien n’est désespéré, mon très cher. Jeanne peut parler. Mais que dira-t-elle ? Elle peut te reconnaître, d’accord, mais tu sauras répondre : « Cette femme extravague ! Jacques Garaud est mort et bien mort. Je me nomme, moi, Paul Harmant ! et je peux en donner la preuve… »

– Eh ! tu as bien découvert que Paul Harmant était mort à Genève… Pourquoi d’autres ne le découvriraient-il pas ? Je te dis que le péril ne cessera de grandir, tant que Jeanne Fortier sera vivante…

– Tu veux donc qu’elle meure ? demanda Soliveau.

– Ce serait un salut.

– Réfléchis bien ! Si Georges Darier, si Lucie savent que tu as menacé Jeanne Fortier, l’idée ne leur viendra-t-elle point de t’attribuer sa fin tragique ?

– Oui, s’il s’agissait d’un meurtre…

– De quoi s’agit-il donc ?

– D’amener adroitement une mort accidentelle dont le hasard seul serait coupable ; à n’importe quel prix il faut éviter la catastrophe. Songe que ta fortune est attachée à la mienne. Ma ruine et ta ruine. Adieu tes rentes si je croule !

– Halte-là ! pas de bêtises !

– Risque donc alors le tout pour le tout. Veux-tu agir ?

– Il le faut bien.

– Surtout pas d’assassinat, ni couteau, ni revolver.

– Sois tranquille ! Un meurtre gentiment déguisé, un meurtre avec un faux nez qui lui donnera l’air d’un accident. »

Paul Harmant tira son portefeuille ; il y prit des billets de banque et les remit à son complice qui demanda :

« Avons-nous encore quelque chose à nous dire.

– Non…