Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et répondez à une question qu’il faut que je vous adresse…

– Une question ? répéta Jeanne. Laquelle ?

– Avez-vous sérieusement pensé à ce que je vous disais hier relativement à votre situation ? reprit le contremaître.

– Oui, j’y ai pensé…

– Et consentez-vous à ce que je vous proposais…

– Quand vous m’aurez appris ce que vous ne voulez pas, ce que vous n’osez pas m’apprendre aujourd’hui.

– Eh bien, demain notre sort à tous deux sera fixé… fixé…

– Demain ? Pourquoi demain ?

– Ne m’interrogez point. Demain arrivera vite, et en quelques heures il se passe bien des choses. »

Puis Jacques Garaud partit brusquement ; il alla dîner à l’endroit où il prenait ses repas, resta chez le marchand de vin jusqu’à dix heures du soir, jouant aux cartes de l’air le plus calme avec quelques camarades auxquels il souhaita une bonne nuit en les quittant.

Aussitôt qu’il fut seul, son visage redevint sombre comme il était depuis deux jours. Au lieu de se rendre chez lui, Jacques s’engagea dans un sentier traversant la plaine entre Alfortville et Alfort. Bientôt il se trouva dans les terres labourées. Il allait vite, et prêtant l’oreille afin de s’assurer que personne ne marchait derrière lui ou ne venait à sa rencontre. Soudain il s’arrêta. Une muraille se dressait en face de lui. C’était celle de l’usine de M. Labroue. Il la côtoya jusqu’à la petite porte bâtarde voisine du pavillon habité par l’ingénieur.

« C’est par là qu’il faut entrer… » murmura-t-il en se baissant vers la serrure qu’il examina avec attention.

Tirant ensuite de sa poche une boîte de fer-blanc, il l’ouvrit. Cette boîte renfermait un morceau de cire à modeler avec lequel il prit l’empreinte de la serrure. Cela fait, il se dirigea vers Alfortville par le chemin qu’il avait suivi pour venir.

À cette heure précise, M. Labroue descendait du train-poste qui s’arrêtait à Blois. Sa sœur, Mme Bertin, habi-