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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/451

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pouvez parler devant mademoiselle ; je n’ai pas de secrets pour elle. »

L’artiste s’inclina. Il s’assit et dit :

« Ma présence semble vous troubler, monsieur. Il n’y a pour cela aucune raison. Ne voyez point en moi un ennemi, mais au contraire un homme prêt à vous tendre la main, si vous aviez besoin d’un appui. Je me nomme Étienne Castel, je suis peintre et j’habite la rue d’Assas. Maintenant je dois vous apprendre qu’on m’a dit à Joigny que vous aviez été blessé dans un accident de chemin de fer, et que vous vous trouviez en traitement à Bois-le-Roi.

– Ah ! fit Raoul, c’est à Joigny que vous avez su…

– Oui, mon cher monsieur, par le secrétaire de la mairie. »

Duchemin devint livide.

« Je vais maintenant vous apprendre le motif qui me conduisait à la mairie de Joigny, d’où, paraît-il, vous êtes pour cause de démission forcée. Est-ce vrai ?

– Hélas ! oui, monsieur, c’est vrai.

– Mon but était de découvrir à qui avait été délivré le procès-verbal du dépôt d’un enfant à l’hospice des Enfants-Trouvés. »

Duchemin sentit une sueur glacée mouiller ses cheveux.

« Je vous ai déjà dit de rester calme. Veuillez donc m’écouter sans vous troubler ainsi. Lorsque je présentai à M. le maire le procès-verbal dont il s’agit, il parut stupéfait. Une enquête fut ouverte et de cette enquête résulta la preuve que la pièce avait été dérobée.

– Mais alors je suis perdu ! s’écria Duchemin malgré lui.

– J’essaierai de vous sauver si vous me répondez. Ce procès-verbal, c’est bien vous qui l’avez retiré des archives ?

– Oui, monsieur, c’est bien moi.

– Vous l’avez vendu ?

– Vendu, non. J’ai livré en échange de services rendus.