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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/455

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La porteuse de pain, après deux jours de repos, avait repris son service.

Le lundi, elle arrivait dès cinq heures du matin à la boulangerie de la rue Dauphine, le front encore couvert d’une bande de diachylum. Elle se rendit au Rendez-vous des Boulangers, pour y manger un bol de soupe.

Lorsque maman Lison parut, un hourra de joie accueillit son entrée. C’était à qui tenait à lui serrer la main.

Le Tourangeau et le Lyonnais voulurent payer chacun une tournée monstre en son honneur. L’évadée de Clermont sentait ses yeux se voiler de larmes. Enfin elle sortit pour aller prendre son panier roulant.

Le Lyonnais et le Tourangeau étaient restés à fumer avec plusieurs de leurs camarades. On se souvient que le Lyonnais avait indiqué jadis à Jeanne la boulangerie Lebret.

« Voyons, est-ce dit ? demanda-t-il au Tourangeau.

– C’est dit, répliqua celui-ci. J’en suis.

– De quoi s’agit-il ? s’écrièrent des voix nombreuses.

– Voici ce que je propose, reprit le Lyonnais. Maman Lison est une brave femme que nous aimons tous, pas vrai ? Ça nous aurait fait un gros chagrin si elle était morte victime de cet échafaudage de malheur. Et pour la faire enterrer, tous ceux de la boulangerie qui viennent ici auraient bien mis une pièce de cent sous.

– Sans qu’on ait eu besoin de nous tirer l’oreille.

– Eh bien, êtes-vous d’avis de débourser tout de même les cinq francs pour une petite fête de famille, en offrant ici un repas de réjouissance à maman Lison ? »

Une clameur d’approbation unanime fut la réponse.

« Bonne idée, ça mon garçon ! dit la marchande de vin. J’en suis et je paierai une bouteille de champagne.

– C’est donc entendu, reprit le Lyonnais. On fera le repas à midi, à l’heure où tout le monde est libre. La patronne, ici présente, se chargera de faire signer et d’encaisser. »

Tous ceux qui se trouvaient là donnèrent leur signature et versèrent leur argent.

« Surtout que maman Lison n’en sache rien ! s’écria le