« Entrez ! fit-il ; vous venez m’annoncer que vous avez découvert la demeure d’Ovide Soliveau ?
– Non, je viens vous demander si vous avez trouvé sa piste.
– Hélas ! non, monsieur. Depuis trois jours je me suis attaché aux pas de Paul Harmant, qui n’est sorti de chez lui que pour aller et venir entre l’usine de Courbevoie et son hôtel.
– Ainsi, rien ! rien ! pas une trace ! fit Étienne.
– Absolument rien, et je crains fort que ce Soliveau, s’apercevant qu’il avait été suivi, n’ait quitté Paris…
– Le diable alors serait contre nous !
– J’avais imaginé d’envoyer à Paul Harmant une dépêche signée du nom d’Ovide Soliveau avec ces mots seulement : Ce soir, chez moi ; urgent. Paul Harmant, inquiet, ne manquera pas de se rendre à l’appel de son complice. Je serai aux aguets, je le suivrai, et par lui je découvrirai Soliveau. Comment trouvez-vous mon idée ?
– Elle présente certaines difficultés et certains dangers. Si Soliveau a pris la fuite, Paul Harmant, devinant qu’on lui tend un piège, se tiendra sur ses gardes et ne sortira pas de chez lui.
– C’est vrai, seulement il peut ignorer que son complice a quitté Paris. Il peut croire qu’il vient d’y revenir.
– Soit. Admettons qu’Ovide soit à Paris. Son complice, s’imaginant qu’il est revenu, va chez lui, le trouve et lui dit : « J’ai reçu votre dépêche. Que me voulez-vous ? » Ovide, qui n’aura rien envoyé, verra le traquenard…
– Il mettra le faux télégramme sur le compte d’Amanda. Pendant qu’ils s’expliqueront, je me tiendrai prêt à agir. Ovide Soliveau sera chez lui quand Paul Harmant viendra ou n’y sera pas. S’il n’y est pas, tout va bien. S’il y est, il viendra bien un moment où il s’absentera. Alors, je profiterai de son absence pour m’introduire dans sa demeure et m’emparer de tous ses papiers.