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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/475

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Fortier parut, et l’homme au bouquet vint au-devant d’elle.

« Maman Lison, lui dit-il, acceptez ce bouquet que vos bons amis sont contents de vous offrir en signe de réjouissance. »

Un cri général de : « Vive Lise Perrin ! » remplit la vaste salle. La porteuse de pain s’essuyait les yeux.

« Le dîner est servi ! À table ! » dit la maîtresse du Rendez-vous des boulangers d’un ton de commandement.

Le Tourangeau et le Lyonnais installèrent Jeanne Fortier à la place d’honneur. Le banquet commença. Ovide Soliveau se trouvait presque à côté de Jeanne, sur le même rang, et par son entrain il égayait notablement les convives.

Il était trois heures et demie lorsqu’on mit le café sur la table. La servante Marianne guettait le signal que devait lui donner le Dijonnais. Elle se dirigea vers la petite table sur laquelle s’alignaient les flacons de liqueurs et, fouillant dans sa poche, en tira un carafon qu’elle plaça en tête des autres. Ovide se leva.

« Ah ! ah ! fit le Tourangeau. Voilà le Dijonnais qui va nous en chanter une bien bonne !

– Je chanterai certainement, camarades, puisqu’on me fait l’honneur de m’y inviter, répliqua Ovide, mais, auparavant, je demande la parole.

– On te la donne à l’unanimité ! jabote, ma vieille.

– Je ne connaissais pas maman Lison, mes camarades, mais par vous j’ai appris à l’aimer et à l’estimer. Je suis heureux de lui offrir un petit cadeau, et je serai fier si elle veut l’accepter. »

Ovide quitta sa place et se dirigea vers Jeanne Fortier.

« Madame Perrin, lui dit le misérable en lui présentant un petit écrin, faites-moi le grand plaisir d’accepter cela, et le grand honneur de me permettre de vous embrasser. »

Jeanne tendit ses deux joues sur lesquelles le complice de Paul Harmant posa deux baisers de Judas ; puis