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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/488

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« Tout s’effondrerait-il à l’heure où j’ai le pressentiment que la vérité sur le drame d’Alfortville va se découvrir ? Raoul Duchemin aurait-il échoué ? Ovide l’aurait-il assassiné ? »

Le valet de chambre parut.

« Les commissionnaires qui viennent chercher le tableau…

– Qu’ils entrent ! »

L’artiste leur désigna la caisse où était emballé le tableau.

« Il faut manier cela avec soin, mais vous laisserez le petit cheval de carton qui est à côté, je m’en chargerai. »

Chacun des transporteurs saisit une des extrémités de la caisse. Le colis, quoique ses dimensions ne fussent pas très grandes, était lourd. Par suite d’un faux mouvement, le premier commissionnaire lâcha prise au moment où son compagnon faisait un effort ; la caisse, basculant, vint s’abattre sur le parquet, renversant et broyant le petit cheval de carton.

« Satanés maladroits ! s’écria l’artiste.

– Qu’est-ce que vous voulez, monsieur Castel ! Ça m’a glissé de la main… répliqua le transporteur. Le tableau n’a point de mal. Je crois bien que le petit cheval est pris dessous. Heureusement, il ne valait pas cher. »

Les deux hommes reprirent chacun un angle de la caisse qu’ils soulevèrent, et ils sortirent de l’atelier. Le cheval de carton était littéralement broyé. De son ventre béant sortaient des étoupes, du papier fripé et des morceaux de chiffon.

« Que dira Georges ? murmura Étienne, repoussant du pied les débris du cheval ! Il tenait tant à ce souvenir ! »

En glissant sur le parquet, le vieux jouet brisé laissa derrière lui les papiers qu’Étienne avait aperçus, mais il ne s’en préoccupa point, ayant à terminer la lettre qu’il écrivait à Georges. Voici cette lettre :