dans une retraite sûre, d’où nous partirons demain pour l’étranger où nous serons riches et heureux.
« Si vous ne veniez pas, Jeanne, je ne sais à quelle extrémité le désespoir me pousserait. JACQUES GARAUD.
« 7 septembre 1861. »
« Tonnerre ! s’écria l’artiste. C’est la lettre que Jeanne Fortier croyait anéantie, brûlée ! C’est cette preuve de son innocence dont elle parlait toujours…
« Jacques Garaud parle d’une somme de près de deux cent mille francs, et c’est cent quatre-vingt-dix mille francs qui ont été volés à Jules Labroue ! Il parle d’une invention… C’est l’invention faite par le père de Lucien ! »
En ce moment, on sonna à la porte de l’appartement, puis, aussitôt après, on frappa à celle de l’atelier.
« Entrez ! » dit Étienne.
La porte s’ouvrit. Raoul Duchemin était debout sur le seuil.
« Vous voilà donc enfin ! s’écria l’artiste. Ovide Soliveau ?
– Arrêté… Je vous raconterai cela. Allons au plus pressé.
– Savez-vous quelque chose de Paul Harmant ?
– Paul Harmant est mort.
– Le père de Mary, mort ! fit Étienne avec stupeur.
– Ce n’est point du père de Mary que je parle, c’est de l’homme dont ce misérable a pris le nom. Le vrai Paul Harmant est mort il y a vingt-cinq ans, à Genève.
– Vous avez la preuve de cela ? »
Duchemin tendit à l’artiste l’acte mortuaire relevé jadis sur le registre de l’état civil de Genève, par les soins d’Ovide.
« Impossible de conserver un doute ! murmura Étienne. Ah ! Jacques Garaud, je te tiens donc enfin ! »
Il frappa sur un timbre. Le valet de chambre parut.
« Prenez une voiture. Allez à Courbevoie, à l’usine Paul Harmant. Faites savoir à M. Lucien Labroue que