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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/496

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« Mais que pouvais-je faire contre tant de preuves qui semblaient indiscutables ? Jeanne Fortier fut condamnée à la détention perpétuelle.

« Malgré la condamnation prononcée par le jury, ma conviction ne changeait pas. Pour moi, elle n’était point coupable, mais une martyre. Je voulus réparer l’injustice des hommes, et je conseillai à ma sœur d’adopter l’enfant de Jeanne. Elle le fit, et, par l’adoption, lui donna le nom de Georges Darier. »

« Moi… moi… fit Georges, éperdu. Je suis le fils de Jeanne Fortier, et Lucie… Lucie… est ma sœur !

– Mon frère ! mon frère ! » s’écria Lucie en se jetant sur le cœur de Georges qui la tint étroitement embrassée.

Georges dénoua l’étreinte qui retenait Lucie.

« Nous sommes les enfants de Jeanne Fortier, ma sœur ! dit-il. Notre mère est innocente, et nous ne pouvons pas demander sa réhabilitation ! Ah ! c’est horrible !

– Espérez, mon ami ! s’écria Lucien ! Les preuves de l’innocence de Jeanne Fortier, votre mère, ces preuves que vous demandiez au Ciel, nous vous les apportons…

– En voici une, d’abord, fit Étienne en présentant à son ex-pupille la lettre de Jacques Garaud. Lis, mon enfant… »

Georges dévora cette lettre.

« Oui… oui… s’écria-t-il ensuite. C’est la preuve du crime ! Mais on la croyait perdue… Où donc se trouvait-elle ?

– Dans les flancs du petit cheval de carton que tu portais lorsque vous vous êtes présentés à la cure de Chevry… »

En entendant ces paroles, il sembla au jeune avocat qu’un voile se déchirait soudainement devant ses yeux.

« Ah ! dit-il en pressant son front… Je me souviens. Ce cheval, je jouais avec lui dans la cour d’une grande usine, que plus tard j’ai vue dévorée par l’incendie. Ce cheval avait au flanc un trou béant. J’ai ramassé la lettre que voilà, et je m’en suis servi avec