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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/504

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– C’est horrible ! balbutia Mary, son visage dans ses mains.

– Oui, bien horrible, n’est-ce pas ? Voilà ce qu’a fait cet homme. Voilà pourquoi il tremble devant moi ! Allons, Jacques Garaud, lève-toi et dis à ta fille que tu es bien le voleur, l’incendiaire, l’assassin d’Alfortville ! »

Le misérable se leva, en effet, mais ce fut pour bondir sur Jeanne, et la prendre à la gorge. La porteuse de pain poussa un cri d’angoisse. Mary, épouvantée, s’enfuit.

« Tu es ici chez moi ! fit le millionnaire. Personne ne t’a entendue ! Je me nomme Paul Harmant et non Jacques Garaud ! La preuve du contraire n’existe pas. Tu m’as attaqué, je me défends ! Tu vas mourir ! »

Et ses doigts se crispèrent de plus en plus autour du cou de la malheureuse, la serrant comme dans un étau. Il la poussa vers la porte du cabinet servant de débarras. Sous la pression de son corps, la porte mal fermée s’ouvrit.

Les mains de Jacques se desserrèrent, et la porteuse de pain s’abattit, inanimée, sur le parquet de la pièce étroite. Au moment où l’infâme refermait la porte il entendit un bruit derrière lui. Il se retourna et aperçut Étienne Castel et Raoul Duchemin.

« Nous vous dérangeons, peut-être, cher monsieur Harmant, dit l’artiste. Pardonnez-nous de venir vous surprendre. J’ai prié votre valet de chambre de ne pas nous annoncer… Mais qu’avez-vous donc, cher monsieur Harmant ? Vous voilà pâle comme un mort ?… Vos mains tremblent… Êtes-vous souffrant ?

– Oui… un malaise subit, répondit Jacques Garaud en s’efforçant de se remettre. Ce n’est rien, ça va déjà mieux. Mais à quoi ai-je plaisir de vous voir, ce matin, en compagnie de… »

Jacques Garaud s’interrompit.

« De M. Raoul Duchemin, que je vous présente, acheva l’artiste. Depuis que je vous ai quitté hier au soir, une tâche fort lourde m’est incombée, et je viens vous prier de vouloir m’aider à la remplir… »

Ces paroles rassurèrent le faux Paul Harmant. Il avança des sièges aux visiteurs.

« Veuillez m’apprendre le motif de votre visite. »