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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/508

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dépassant cent quatre-vingt-dix mille francs à M. Jules Labroue, industriel à Alfortville. »

Jacques s’arrêta de nouveau.

« Écrivez, répéta Mary, ou j’écrirai à votre place. »

Le misérable courba la tête. Étienne Castel reprit :

« Je m’accuse d’avoir volé non seulement l’argent, mais les plans de Jules Labroue, mon patron, d’avoir incendié sa maison et de l’avoir assassiné.

« Je m’accuse d’avoir voulu faire assassiner Lucie Fortier par un complice à mes gages, Ovide Soliveau, et d’avoir payé le même Ovide Soliveau pour assassiner Jeanne Fortier, reconnue par moi sous le nom de Lise Perrin, la porteuse de pain. »

L’artiste en était là de sa dictée. Soudain une porte s’ouvrit ; Jeanne Fortier livide, et le cou marbré de taches rouges, sortit du cabinet où Jacques Garaud avait cru enfermer son cadavre et dit :

« Que cet homme s’accuse aussi d’avoir voulu, tout à l’heure, m’étrangler de ses mains ! »

En voyant paraître Jeanne, Étienne et Raoul avaient poussé un cri de surprise, Mary un cri d’épouvante. Jacques, lui, paraissait changé en statue. Mary lui souleva la main et la replaça sur le papier.

« Écrivez, mon père », commanda-t-elle.

Jacques Garaud traça deux lignes encore.

« Maintenant, signez. »

Le misérable signa, Mary prit la feuille et, le tendant à Jeanne Fortier qui la saisit, lui dit :

« Voilà votre réhabilitation, madame. »

Puis se tournant vers son père, elle ajouta :

« Que Dieu vous pardonne. Moi je vais mourir. »

Et elle s’éloigna d’un pas lent, comme elle était venue. Une minute s’écoula. Lucie, Georges Darier et Lucien Labroue apparurent, en même temps que le juge d’instruction, le chef de la Sûreté, et les agents conduisant Ovide Soliveau.

« Ma mère… ma mère… » s’écria Lucie en se jetant dans les bras de Jeanne qui la serra sur son cœur à l’étouffer.