Le chef de la Sûreté posa la main sur l’épaule de l’ex-contremaître d’Alfortville, et lui dit :
« Au nom de la loi, Jacques Garaud, je vous arrête.
– Jeanne Fortier, dit le juge d’instruction, je suis autorisé à vous laisser en liberté… liberté qui sera bientôt définitive. Remettez-moi le papier que vient de vous donner la fille de cet homme. Vous, monsieur Castel, remettez-moi l’acte mortuaire de Paul Harmant et la lettre écrite en 1861 par Jacques Garaud.
– Voilà ces pièces, monsieur.
– Votre réhabilitation ne se fera pas attendre, madame… ajouta la magistrat en s’adressant à la porteuse de pain.
– Et, ajouta Étienne Castel en amenant Georges à la pauvre femme, voici l’avocat qui plaidera pour vous… non seulement avec tout son talent, mais avec tout son cœur. »
Jeanne regarda Georges. Elle allait lui tendre la main.
« Mais va donc, mon frère ! cria Lucie à Georges.
– Ton frère ! lui ! balbutia Jeanne. Oh ! mon fils… mon fils… »
Et elle serra Georges contre son cœur. Mais c’était trop de joie pour la pauvre femme. Elle perdit brusquement connaissance. Quand elle reprit ses sens, Lucien agenouillé devant elle, à côté de Lucie, l’appelait aussi « Ma mère ! »
Une demi-heure plus tard, on trouva Mary étendue sur son lit et morte. Sa main pressait encore contre ses lèvres son mouchoir ensanglanté. Avant de mourir, elle avait écrit ces lignes :
« Pour Lucie Fortier.
« Je vous ai fait du mal, Lucie, beaucoup de mal… et cependant je ne suis pas méchante… Que voulez-vous, je l’aimais tant ! Ne me refusez pas votre pardon, Lucie, et priez Dieu pour moi. Vous êtes bien vengée…
« MARY. »