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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/55

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avec une violence de cataracte. La demie après onze heures sonna.

« Allons, pensa le contremaître, Jeanne ne viendra pas. À mon amour elle répond par le mépris ! Eh bien, meure mon amour ! je ne veux plus penser qu’à la fortune. »

Et sous la pluie battante, Jacques quitta la tête du pont. En moins d’un quart d’heure, il atteignit la porte auprès de laquelle il s’était arrêté la nuit précédente pour prendre l’empreinte de la serrure. Tirant alors de sa poche un des petits instruments de fer fabriqués par lui, il l’introduisit dans l’ouverture.

La porte s’ouvrit. Il la poussa, fit deux pas en avant et se trouva dans la cour de l’usine. L’orage arrivait à son paroxysme. Jacques Garaud jeta un regard vers la loge de la gardienne. Il aperçut de la lumière à travers les vitres.

« Elle est là… fit-il d’une voix basse qui sifflait entre ses dents serrées. Elle rit en songeant que je suis là-bas, à l’attendre comme un niais, sous la tempête ! »

Jacques s’avança jusqu’à la réserve où le matin Mme Fortier avait placé ses bouteilles de pétrole. Il y en avait cinq. Le contremaître en prit quatre et se dirigea vers l’atelier des menuisiers. Il entra et jeta deux des bouteilles dans la cour, après avoir versé leur contenu sur les copeaux entassés et sur les amas de planches. Cela fait, muni des deux dernières bouteilles, il gagna le pavillon où se trouvait le cabinet de M. Labroue, pénétra dans ce cabinet en enfonçant la porte, et, après s’être assuré que le volet intérieur était fermé, il alluma une bougie.

Cinq minutes lui suffirent pour forcer la caisse et prendre le coffret contenant les plans de la machine perfectionnée ; il saisit ensuite les liasses de billets de banque, les entassa dans le coffret avec les plans, prit dans ses poches quelques rouleaux d’or, vida les deux dernières bouteilles de pétrole sur la parquet, sortit du cabinet, déposa le coffret dans le couloir et se dit :

« Aux ateliers d’abord, le feu ! Je reviendrai ensuite