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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/56

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ici reprendre mes valeurs et achever ce qui me reste à faire. »

Il retourna vivement à l’atelier des menuisiers, fit craquer une allumette et la jeta au milieu des copeaux.

    • *

M. Labroue avait quitté Saint-Gervais de manière à prendre le train qui devait le mettre à Paris à neuf heures cinq minutes du soir. Il n’avait point dîné avant de partir, aussi s’arrêta-t-il chez un restaurateur, voisin de la gare. Dans la salle, il se trouva en pays de connaissance. Des ingénieurs du chemin de fer, ses anciens camarades à l’École polytechnique, venaient de s’installer pour dîner. Bientôt la conversation fut des plus animées.

À onze heures et demie seulement M. Labroue quitta ses amis et se mit en quête d’une voiture qui le conduisit à Alfortville. En ce moment, nous le savons, l’orage se déchaînait. Les cochers se montraient récalcitrants. Enfin l’un deux consentit à marcher. La demie après minuit sonnait au moment où la voiture s’engageait dans Alfortville.

Le cocher s’orientait mal, tournait à droite quand il fallait tourner à gauche et perdait un temps précieux. L’ingénieur, impatienté, descendit du véhicule et régla sa course en disant :

« Je suis tout près de chez moi. »

Et il s’élança vers sa demeure. L’eau ruisselait sur ses vêtements. Il arriva en face de la porte de l’usine, tira de sa poche une clef, ouvrit, et sans s’arrêter traversa la cour pour se rendre à son pavillon. Jeanne avait entendu la porte se refermer.

« On est entré… murmura-t-elle. On marche dans la cour… »

Déjà elle s’élançait vers la porte de sa chambre. Georges s’accrocha d’une main à ses jupes en criant :

« Maman… maman… ne t’en va pas… J’ai peur…

– Je vais revenir, mon mignon.