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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/65

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VII

Les secours, arrivés trop tard, étaient demeurés sans effet. Sauf le bâtiment des écuries et des remises, il ne restait que des décombres. La foule, regardant le désastre, commentait la disparition de Jeanne Fortier. Toutes les voix s’élevaient pour l’accuser.

L’orage avait cessé. Le vent néanmoins soufflait toujours avec force, balayant les derniers nuages ; une teinte grisâtre annonçait l’aube du jour. Jeanne, affolée, terrifiée, s’était enfuie, portant son fils.

Pendant environ une heure, elle courut ainsi, tout droit devant elle, sans savoir où elle allait. Enfin, épuisée, haletante, elle se laissa tomber sur le talus de gazon d’un fossé.

Georges, qu’elle tenait sur ses genoux, fit un mouvement. Jeanne tressaillit et le couvrit de baisers.

L’enfant ouvrit les yeux.

« Petite maman, j’ai froid…

– Eh bien, il faut marcher un peu pour te réchauffer. »

Elle mit sur ses pieds le petit Georges et se leva elle-même.

Une grande route se déroulait devant elle, blanche dans la campagne sombre.

« Où aller ? se demanda la pauvre mère avec déses-