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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/69

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Puis, s’adressant à l’un des agents de la sûreté, il demanda :

« A-t-on fait les recherches ordonnées par moi ?

– Oui, monsieur.

– Quel résultat ont-elles donné ?

– On a trouvé dans la cour trois bouteilles ayant contenu du pétrole. »

L’agent alla quérir les bouteilles jetées par Garaud.

« Monsieur Ricoux, dit le juge au caissier après avoir flairé le goulot des récipients suspects, reconnaissez-vous ces bouteilles pour celles où vous avez vu la nommée Jeanne Fortier mettre le pétrole introduit par elle à l’usine dans un bidon ?

– Je les reconnais parfaitement. Elles portent encore des lambeaux d’étiquettes d’eau minérale.

– Combien y en avait-il ?

– J’en ai vu cinq déposées à terre.

– Maintenant, monsieur Ricoux, tâchez de vous rappeler non seulement le sens mais les expressions de la phrase menaçante adressée par Jeanne Fortier à l’ingénieur Labroue.

– Jeanne Fortier se montra plein d’arrogance et même d’insolence, et dit d’une voix dure qu’il me semble entendre encore : « Vous me chassez ! Ah ! tenez, monsieur, prenez garde ! Cela ne vous portera pas bonheur ! » Il est clair comme le jour qu’elle méditait des projets de vengeance !

– Pensez-vous que la vengeance ait été le seul mobile du crime ?

– Je le suppose, monsieur.

– Et moi, je crois le contraire. M. Labroue était absent pour deux jours, n’est-ce pas ? Son brusque retour ne pouvait donc être prévu par personne ? Lorsqu’il a été frappé mortellement, il ne faisait que rentrer puisqu’on a relevé sa valise auprès de son cadavre. La personne qui l’a frappé se trouvait dans le pavillon où elle ne devait pas, où elle ne pouvait pas l’attendre. Pour quel motif cette personne était-elle donc dans le pavillon ?

– Pour l’incendier, répondit Ricoux.