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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/70

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– Incendier le pavillon était inutile, puisqu’il était évident que le feu avait été mis dans l’atelier de menuiserie, plein de copeaux, et qu’il devait se communiquer promptement au pavillon où se trouvait la caisse. »

Ricoux devint rêveur. Le magistrat reprit :

« Savez-vous combien il y avait d’argent dans la caisse ?

– 190 253 francs 70 centimes. Et dans ma caisse à moi se trouvaient cinq mille francs, mais ils ne sont pas perdus ; j’avais eu la prudence de les emporter chez moi.

– La somme était-elle en billets de banque ?

– Oui, monsieur, à l’exception de trois mille francs en or.

– Saviez-vous seul ce que contenait la caisse ? »

Ricoux réfléchit pendant un instant.

« Non, pas seul, monsieur, dit-il tout à coup. Deux personnes assistaient à la reddition des comptes.

– Quelles étaient ces personnes ?

– Jacques Garaud, le contremaître, et Jeanne Fortier. ». Le magistrat devint rayonnant. Ricoux poursuivit :

« Oui… oui… Jeanne le savait, et Jacques aussi, malheureusement, car si le brave garçon a péri, c’est en voulant sauver ces valeurs et les papiers de M. Labroue…

– Comment Jeanne Fortier se trouvait-elle dans le cabinet du patron tandis que vous rendiez vos comptes ?

– M. Labroue l’avait sonnée pour lui donner des ordres au moment où il allait quitter la fabrique.

– Vous êtes certain qu’elle a entendu énoncer le chiffre ?

– Oui, monsieur, parfaitement certain.

– Jeanne Fortier possédait-elle la clef du pavillon ?

– Oui, monsieur, et celle du cabinet.

– Restait-elle seule, la nuit, à l’usine ?

– Absolument seule, oui, monsieur.

– Quel était, selon vous, le caractère de cette femme ?

– Jeanne Fortier était ambitieuse, sournoise et ran-