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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/79

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quatre heures, ce qui nous reporte au matin du jour où Jeanne Fortier s’endormait dans un bois à côté de son fils.

Il était huit heures et demie. Un jeune homme de vingt-trois ans descendit du train. Ce jeune homme, muni de tout un attirail de peintre paysagiste, prit d’un pas rapide la route conduisant à Chevry.

C’était un beau garçon aux traits fins, à la physionomie spirituelle. Ses yeux d’un bleu sombre exprimaient l’intelligence. Ce jeune homme se nommait Étienne Castel. Il n’avait jamais connu sa mère. Son père, un négociant du quartier Montmartre, était mort quatre années auparavant, laissant à Étienne une petite fortune qui lui avait permis de se livrer à ses goûts et de suivre la carrière artistique.

L’artiste poursuivit sa route jusqu’auprès de la maison curiale où il s’arrêta. Là, il agita la sonnette puis, tournant le bouton de la grille qu’on ne fermait jamais à clef, il entra et gagna le potager. L’abbé Laugier jardinait. En apercevant Étienne, il poussa une exclamation de joyeuse surprise, et vint à la rencontre du jeune homme :

« Sois le bienvenu, cher enfant ! s’écria le bon curé en serrant les mains de l’artiste. Quelle agréable surprise !

– Ainsi, fit le jeune homme, vous me pardonnez l’indiscrétion qui m’a fait tomber chez vous ?

– Je te pardonnerai si tu me promets que ta visite sera longue.

– Je vous donnerai huit jours.

– Huit jours seulement ! c’est trop peu. Enfin, va pour huit jours de bonnes promenades… de bonnes causeries… »

L’abbé Laugier conduisit Étienne dans une petite pièce du rez-de-chaussée, où le jeune homme déposa son matériel de peintre. Ensuite le curé appela :

« Clarisse ! Clarisse !

– Descends vite. Notre artiste est là.

– Étienne ! s’écria Mme Darier en descendant vivement l’escalier. C’est une charmante surprise, mais, s’il