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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/85

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Mme Bertin prit les mains du caissier et les serra.

« Je vous remercie, dit-elle, je vous remercie du fond du cœur de toutes les preuves d’affection et de dévouement que vous donnez à celui qui n’est plus. »

Dans l’après-midi de ce même jour, le corps fut conduit à l’église et au cimetière au milieu du recueillement et de la tristesse de tous les assistants. Mme Bertin se rendit ensuite à Paris avec le caissier qui l’accompagna au palais de justice dans le cabinet du juge d’instruction. Ce magistrat les reçut à l’instant même en disant :

« J’ai tenu à vous voir, madame, afin d’être fixé d’une manière absolue sur le moment du retour de M. Labroue. Votre frère, m’a-t-on dit, était allé chez vous, à Saint-Gervais, visiter son enfant malade.

– Oui, monsieur, appelé en toute hâte par une dépêche de moi. Mon neveu, le petit Lucien, venait d’être atteint d’une angine pouvant amener de graves complications. Quand mon frère arriva, tout danger avait disparu. Mon frère fut aussitôt rassuré et repartit le lendemain au lieu de passer deux jours auprès de moi, comme il en avait eu d’abord l’intention.

– Et comme il nous l’avait annoncé, ajouta le caissier Ricoux.

– Par quel train est-il reparti le lendemain de son arrivée ?

– Par l’express de 4 heures 45 minutes du soir.

– Il se trouvait alors vers neuf heures à Paris où il s’est arrêté assez longtemps, pour des motifs qui nous sont inconnus, et il est arrivé à l’usine où l’incendiaire commençait son crime. L’incendiaire, surprise, l’a tué.

– Une femme. Est-ce probable ? Est-ce possible ?

– Nous n’avons à cet égard aucun doute, répliqua le magistrat. Vous savez quelle est cette femme ?

– Oui, Jeanne Fortier, à laquelle mon frère s’intéressait.

– Vous ignorez sans doute que M. Labroue venait de retirer à Jeanne l’emploi qu’il lui avait confié ?

– Non, monsieur, je ne l’ignore pas, mais ce renvoi