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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/95

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Georges avait entendu prononcer son nom. Il accourut.

« Petite mère, tu pleures. Pourquoi pleures-tu ? » fit-il.

Soudain, un coup de cloche et des rumeurs confuses se firent entendre. Jeanne fut prise d’un tremblement.

« C’est moi qu’on cherche », bégaya-t-elle avec épouvante.

Brigitte avait ouvert la grille. Le jardin fut envahi par une vingtaine de personnes à la tête desquelles se trouvaient le maire du village, le brigadier de gendarmerie et quatre gendarmes. Le maire s’avança le premier.

« Pardonnez-moi, monsieur le curé, dit-il, si je me permets, bien malgré moi, d’envahir votre demeure. »

Jeanne et son fils avaient reculé. L’enfant se tenait serré contre sa mère dont il avait saisi la jupe d’une main, tandis que de l’autre il tenait la ficelle de son cheval de carton. Le tableau qui venait de se former dans le jardin du curé était d’un effet saisissant. Étienne Castel, frappé de la composition fortuite de ce tableau, courut à son chevalet, prit une toile blanche, et se mit à dessiner à grands traits ce qu’il avait sous les yeux. Le curé s’était levé.

« Je sais ce qui vous amène, monsieur le maire, lui dit-il. Vous cherchez une jeune femme nommée Jeanne Fortier.

– Oui, monsieur le curé, Jeanne Fortier accusée du triste crime d’incendie, de vol et d’assassinat. »

La fugitive, à laquelle Georges se cramponnait toujours, fit un pas en avant et s’écria :

« C’est faux, monsieur ! Je suis innocente !

– Que vous soyez innocente ou coupable, répliqua le maire, ce n’est point à moi de juger. Êtes-vous Jeanne Fortier ?

– Je suis Jeanne Fortier.

– Gardienne de l’usine Labroue, à Alfortville ?

– Oui, monsieur. »

Le maire fit un signe. Le brigadier s’avança en disant :

« Au nom de la loi, et agissant en vertu d’un mandat régulier, je vous arrête.

– Eh bien, arrêtez-moi ! fit Jeanne avec exaltation.