Qu’on me conduise en prison ! Qu’on me juge ! Qu’on me condamne ! On ne peut pas m’empêcher d’être innocente !
– Maman… maman… » répétait Georges tout effaré.
Le brigadier de gendarmerie se tourna vers ses hommes.
« Mettez-lui les menottes… » ordonna-t-il.
Jeanne sentit un frisson courir sur sa chair.
« Les menottes… répéta-t-elle d’une voix étranglée, en reculant. Oh ! non ! non ! je ne veux pas !
– Mon enfant, je vous prie… fit le curé. Résignez-vous… »
La malheureuse femme baissa la tête et tendit les mains.
« C’est fait… En route, maintenant ! » commanda le brigadier.
Georges s’était pendu aux mains de la prisonnière.
« Reste, petite mère… cria-t-il. Reste… j’ai peur…
– Ne pleure pas, mon enfant, lui dit Jeanne. Viens !
– Votre enfant ne peut vous suivre… interrompit le brigadier.
– Vous me séparez de mon fils !… bégaya Jeanne.
– Je le dois… l’ordre d’arrestation ne concerne que vous, Jeanne Fortier. Il n’est question d’aucun enfant. Par conséquent, la femme en prison, l’enfant à l’hospice.
– Non… non… je ne veux pas qu’on me sépare de mon fils. Monsieur le curé, intercédez pour moi !…
– Obéissez à la loi, pauvre femme, répéta l’abbé Laugier, et ne craignez rien pour votre enfant… Il n’ira point à l’hospice… Je le garderai près de moi. Si vous êtes condamnée, je vous jure de ne point abandonner votre petit Georges ! »
Mme Darier s’avança et dit en étendant la main :
« Ne pleurez plus, pauvre femme. Votre enfant retrouve une mère… Je vous jure de faire de lui mon fils… »
Jeanne balbutia au milieu de ses sanglots :
« Ne plus le revoir ! c’est au-dessus de mes forces !
– Petite mère… petite mère… ne t’en va pas… »