- omnia cùm coelo terráque marique,
- Nil sunt ad summam summaï totius omnem.
C’est une loy municipale que tu allegues, tu ne sçays pas quelle est l’universelle. Attache toy à ce à quoy tu és subject, mais non pas luy : il n’est pas ton confraire, ou concitoyen, ou compaignon : S’il s’est aucunement communiqué à toy, ce n’est pas pour se ravaler à ta petitesse, ny pour te donner le contrerolle de son pouvoir. Le corps humain ne peut voler aux nuës, c’est pour toy : le Soleil bransle sans sejour sa course ordinaire : les bornes des mers et de la terre ne se peuvent confondre : l’eau est instable et sans fermeté : un mur est sans froissure impenetrable à un corps solide ; l’homme ne peut conserver sa vie dans les flammes : il ne peut estre et au ciel et en la terre, et en mille lieux ensemble corporellement. C’est pour toy qu’il a faict ces regles : c’est toy qu’elles attaquent. Il a tesmoigné aux Chrestiens qu’il les a toutes franchies quand il luy a pleu. De vray pourquoy tout puissant, comme il est, auroit il restreint ses forces à certaine mesure ? en faveur de qui auroit il renoncé son privilege ? Ta raison n’a en aucune autre chose plus de verisimilitude et de fondement, qu’en ce qu’elle te persuade la pluralité des mondes,
- Terrámque et solem, lunam, mare, cætera quæ sunt,
- Non esse unica, sed numero magis innumerali.
Les plus fameux esprits du temps passé, l’ont creuë ; et aucuns des nostres mesmes, forcez par l’apparence de la raison humaine. D’autant qu’en ce bastiment, que nous voyons, il n’y a rien seul et un,
- cum in summa res nulla sit una,
- Unica quæ gignatur, et unica soláque crescat :
et que toutes les especes sont multipliées en quelque nombre : Par où il semble n’estre pas vray-semblable, que Dieu ait faict ce seul ouvrage sans compaignon : et que la matiere de cette