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PREFACE.

que je ne me défie pas que personne doubte de ma solicitude en ce qui luy touche. Ceux qui n’y peuvent pénétrer, qu’ils ne s’en prennent qu’à eux mesmes ; je n’y trouve passage non intelligible pour moy, qu’un ; et quelque meilleur interprète m’apprendra peut estre à l’entendre. Et en fin, jaçoit que ceste Impression, laquelle je fais achever en l’an mil cinq cens nonante et quatre, à Paris, ne soit pas parfaicte jusques à tel poinct que je desirois, si est-ce que je requiers qu’on s’addresse tousjours à elle : soit un Lecteur capable de juger combien les Essays méritent d’estre exactement cognus, soit tel qui les voudroit faire imprimer aux nations estrangeres. Par ce qu’outre cela qu’elle n’est pas si loing de la perfection qu’on soit asseuré si les suyvantes la pourront approcher d’aussi près, elle est aumoins diligemment redressée par un Errata, sauf en quelques si légères fautes qu’elles se restituent elles mesmes. Et de peur qu’on ne rejecte comme témérairement ingérez certains traictz de plume qui corrigent cinq ou six characteres ou que quelqu’un, à leur adveu, n’en meslast d’autres de sa teste, je donne advis qu’ils sont en ces mots : siy demesler, deuils, osté, Indique, estacade, affreré, paelle, m’a, engagez, et quelques poincts de moindre consequence. Je ne puis apporter trop de precaution ny de curiosité sur une chose de tel mérite, et non mienne. Adieu Lecteur.