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SUR MONTAIGNE.

lui, les Bordelais le continuèrent dans sa charge après deux années de gestion, et ne le virent ensuite s’éloigner d’eux qu’avec tous les regrets de la reconnaissance et de l’amour.

Au milieu des troubles de sa province, pendant lesquels il fut peloté à toutes mains, aux uns gibelin, aux autres guelfe, il composa une partie du troisième livre des Essais, dont il compléta l’impression à Paris, en 1588.

C’est pendant son séjour dans cette ville qu’il adopta, sous le nom de sa fille d’alliance, Marie de Gournay, qui avait conçu pour lui une très-grande estime, à la lecture de ses premiers Essais. Cette demoiselle conserva toute sa vie le titre dont l’avait honorée notre philosophe, et lui prouva une tendresse vraiment filiale, par le soin qu’elle mit à défendre ses écrits, dans une longue apologie, imprimée en tête de la plupart des éditions des Essais.

Montaigne passa ses dernières années tantôt à Paris dont il avait aimé, dès sa jeunesse, la vie facile et douce, tantôt dans sa maison de Montaigne, où il mourut le 13 septembre 1592, âgé de 59 ans, 7 mois et quelques jours.

Étienne Pasquier, qui fut son ami, raconte ainsi ses derniers moments : « Ne pensez pas que sa mort ait été autre que le général de ses écrits. Il mourut en sa maison de Montaigne, où lui tomba une esquinancie sur la langue, de façon qu’il demeura trois jours entiers plein