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DÉMÊLÉS DU COMTE DE MONTAIGU

deux reprises à d’Argenson. Dans sa première lettre, il semblait accuser quelque commis du ministère[1] ; d’Argenson s’empressa de disculper le personnel de ses bureaux[2]. Dans la dépêche suivante, l’ambassadeur déclara qu’il ne doutait pas de leur intégrité, et qu’il avait simplement observé qu’il y avait à Venise quelqu’un qui protégeait les espions et dont on ne se défendait pas assez à Versailles[3].

Le Blond, parti pour la France au mois d’avril 1748, avait employé son temps à cabaler contre l’ambassadeur et à soigner ses intérêts aux dépens des autres[4]. Son crédit était grand dans les bureaux[5]

  1. Lettre de l’ambassadeur au marquis d’Argenson, 27 février 1745.
  2. Lettre du marquis d’Argenson à l’ambassadeur, 16 mars 1745.
  3. Lettre du comte de Montaigu au marquis d’Argenson, 10 avril 1745 : ce personnage était Le Blond, consul de France à Venise.
  4. Le ministre recevait parfois des plaintes sur les agissements de Le Blond. Un conseiller au parlement de Metz, Gomé de la Grange, était venu à Venise pour y chercher un héritage ; le 31 mai 1749, il écrit au marquis de Puyzieulx en l’assurant que cette succession n’est pas une chimère : « Malgré tout ce que Mr  Le Blond pouroit vous avoir dit sur cette affaire, qu’il a voulu faire passer pour une vision pendant son séjour à Paris, parce qu’il a des raisons particulières… qui l’ont engagé de parler différemment de ce qu’il pensoit… » Et plus loin : « Dans cet estat, Monseigneur, j’ose vous représenter que Mr  Le Blond m’est suspect, et avec raison. »
  5. Le 20 juin 1750, Joseph Key envoyait de Venise, au comte de Montaigu, un billet dont certains passages sont bien caractéristiques : « Il ne m’auroit pas esté difficile de former un mémoire tel que vous me le demandez contre Mr  Le Blond, si par votre