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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

nommé George Craon, riche Anglois, a lui-même abandonné un fort qu’il avoit fait construire à ses dépens, avec trois cents hommes qu’il soudoyoit. Notre perte, dans toute la campagne, n’a été que de quelques sauvages et de deux officiers de la colonie, MM. Douville et de Céloron. Les deux actions les plus considérables de notre côté ont été la prise du fort La Grandville, dans la Pensylvanie, à soixante milles de Philadelphie, le 2 août, emporté l’épée à la main par le chevalier de Villiers. Le commandant anglois Bradford y a été tué. Le fort étoit carré, flanqué de quatre bastions, quatre-vingt-trois pas sur toutes les faces, des vivres pour six mois, deux pierriers, cent barils de sel ; les ennemis y avoient une garnison de soixante-quatre hommes. M. le chevalier de Villiers n’avoit avec lui que cinquante-cinq hommes.

Les ennemis ayant aussi surpris le village sauvage d’Attigué, y ayant même tué six ou sept sauvages, cette entreprise auroit eu des suites sans le courage de M. de Normandville, qui, avec quelques Canadiens, a repoussé l’ennemi, arrêté l’incendie, poursuivi les Anglois que l’on a dispersés dans les bois et auxquels on a fait beaucoup de prisonniers. M. Dumas, ayant été obligé de se faire relever à la fin de la campagne à cause de sa mauvaise santé, on a envoyé à sa place M. Des Ligneris, officier de la colonie, pour y commander à sa place.

ÎLE-ROYALE ET ACADIE

Les Anglois se sont contentés toute la campagne de paroître avec leurs vaisseaux à la vue de Louisbourg ; ils ont même pris L’Arc-en-Ciel, vaisseau de cinquante