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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

terre, autant de celles de la colonie, six cents Canadiens et beaucoup de sauvages. M. Dumas, capitaine des troupes de la colonie, en fait le détail M. Mercier y marche comme commandant de l’artillerie, etM.de Lotbinière comme ingénieur. Ce détachement paroît avoir été imaginé par un esprit de prévention, de cabale et de jalousie contre les troupes de terre, dont on n’a pas jugé à propos d’employer les officiers supérieurs ni l’ingénieur, malgré les représentations réitérées du marquis de Montcalm. L’objet n’en paroît pas assez déterminé ni assez sûr pour répondre à la fatigue et à la grande dépense qui en résultera, et la consommation des vivres dans les circonstances où l’on est d’en manquer, peut occasionner la perte de cette colonie si milord Loudon s’assemble de bonne heure. Ces représentations ont été faites au marquis de Vaudreuil, qui n’a été touché que de donner un gros détachement à son frère, de compter pour le succès sur l’intelligence de M. Dumas, sur la bonne fortune et les miracles qui jusqu’à présent ont conservé le Canada malgré les fautes que l’on ne cesse de faire. Ce détachement coûtera au moins deux cent mille écus, et suivant beaucoup de personnes sa dépense sera d’un million, ce qui ne surprendroit pas par la mauvaise administration et économie et l’attention où l’on est toujours d’enrichir des particuliers aux dépens du Roi. Le marquis de Montcalm a offert au marquis de Vaudreuil, d’aller de sa personne jusqu’à Carillon, et d’envoyer un officier supérieur des troupes de terre en état et en volonté d’y aller. Ce détachement, par le peu d’intelligence du gouverneur général, est annoncé avec