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IV
AVERTISSEMENT.


tueux dans les monarchies que dans les républiques. Ceux qui parlent avec tant d’assurance se doutent-ils qu’ils prouvent éloquemment qu’ils n’ont pas même lu les premières pages de l’Esprit des lois ? Peut-être comptent-ils sur l’ignorance du public, et ils n’ont pas tort.

Il y a, je l’avoue, une raison qui explique pourquoi on ne lit pas davantage Montesquieu. C’est que dans son langage il y a souvent quelque chose d’énigmatique ; il n’est pas toujours aisé de saisir à première vue la pensée de l’auteur.

Ce défaut qui tient au temps où il écrivait, aux précautions qu’il lui fallait prendre pour ne pas effrayer un pouvoir ombrageux, nous avons cherché à le corriger en joignant au texte un assez grand nombre de notes, qui ne ressemblent point à celles des commentateurs ordinaires. Nous n’entendons pas contredire Montesquieu, ni lui reprocher de n’avoir point connu des vérités qui aujourd’hui sont vulgaires ; nous ne cherchons pas à refaire l’Esprit des lois ; nous laissons à l’auteur la responsabilité de ses opinions. Mais il est une foule d’allusions, de sous-entendus que comprenait à demi-mot le lecteur du XVIIIe siècle, car il s’agissait de choses qu’il avait sous les yeux, et qui aujourd’hui sont des énigmes pour nous. Ces finesses transparentes, que Mme  Du Deffand appelait de l’Esprit sur les lois, abondent également dans les Lettres Persanes, et en rendent la lecture difficile à