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LETTRES PERSANES.




LETTRE CXXI.


USBEK AU MÊME.



L’effet ordinaire des colonies est d’affaiblir les pays d’où on les tire, sans peupler ceux où on les envoie. [1]

Il faut que les hommes restent où ils sont : [2] il y a des maladies qui viennent de ce qu’on change un bon air contre un mauvais ; d’autres qui viennent précisément de ce qu’on en change.

L’air se charge, comme les plantes, des particules de la terre de chaque pays. Il agit tellement sur nous, que notre tempérament en est fixé. Lorsque nous sommes transportés dans un autre pays, nous devenons malades. [3] Les liquides étant accoutumés à une certaine consistance, les solides à une certaine disposition, tous les deux à un certain degré de mouvement, n’en peuvent plus souffrir d’autres, et ils résistent à un nouveau pli. [4]

Quand un pays est désert, c’est un préjugé de quelque vice particulier de la nature du terrain ou du climat : [5]

  1. L’effet ordinaire des colonies est d’augmenter la population des pays d’où on les tire, et de peupler ceux où on les envoie. Qu’on regarde l’Angleterre avec ses colonies et qu’on la compare à la France depuis un siècle.
  2. L’histoire prouve le contraire.
  3. C’est une question de climat. Sous un climat semblable au sien, l’émigrant se porte bien.
  4. Ce paragraphe n'est pas dans A.
  5. A. Dans la nature du climat.