a ses lois ; le monde matériel a ses lois ; les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois ; les bêtes ont leurs lois ; l’homme a ses lois.
Ceux qui ont dit qu’une fatalité aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité ; car quelle plus grande absurdité qu’une fatalité aveugle qui auroit produit des êtres intelligents ?
Il y a donc une raison primitive ; et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et les différents êtres, et les rapports de ces divers êtres entre eux [1].
Dieu a du rapport avec l’univers, comme créateur et comme conservateur : les lois selon lesquelles il a créé sont celles selon lesquelles il conserve. Il agit selon ces règles, parce qu’il les connoît ; il les connoît parce qu’il les a faites ; il les a faites, parce qu’elles ont du rapport avec sa sagesse et sa puissance.
Comme nous voyons que le monde, formé par le mouvement de la matière, et privé d’intelligence, subsiste toujours [2], il faut que ses mouvements aient des lois invariables [3] ; et, si l'on pouvait imaginer un autre monde que celui-ci, il auroit des règles constantes, ou il seroit détruit.
Ainsi la création, qui paroît être un acte arbitraire, suppose des règles aussi invariables que la fatalité des athées [4]. Il seroit absurde de dire que le créateur, sans ces
- ↑ Lettres persanes, LXXXIII.
- ↑ C’est-à-dire continue de subsister.
- ↑ Lettres persanes, XCVII.
- ↑ « Il n’est question ici que des règles du mouvement que l'auteur dit avoir été établies par Dieu ; elles sont invariables, ces règles, et tonte la physique le dit avec lui ; elles sont invariables, parce que Dieu a voulu qu’elles fussent telles et qu’il a voulu conserver le monde. » Défense de l'Esprit des lois, première partie, troisième objection.