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CHAPITRE VII.


EN QUEL CAS CES INSTITUTIONS SINGULIÈRES
PEUVENT ÊTRE BONNES.


Ces sortes d’institutions peuvent convenir dans les républiques, parce que la vertu politique [1] en est le principe : mais, pour porter à l’honneur dans les monarchies, ou pour inspirer de la crainte dans les États despotiques, il ne faut pas tant de soins.

Elles ne peuvent d’ailleurs avoir lieu que dans un petit État [2], où l’on peut donner une éducation générale, et élever tout un peuple comme une famille.

Les lois de Minos, de Lycurgue et de Platon, supposent une attention singulière de tous les citoyens les uns sur les autres. On ne peut se promettre cela dans la confusion, dans les négligences, dans l’étendue des affaires d’un grand peuple.

Il faut, comme on l’a dit [3], bannir l’argent dans ces institutions [4]. Mais, dans les grandes sociétés, le nombre, la variété, l’embarras, l’importance des affaires, la facilité

  1. Politique manque dans A. B.
  2. Comme étoient les villes de la Grèce. (M.)
  3. Sup., ch. VI, page 156.
  4. C’est vouloir traverser l'Océan sans bateau, ou défendre à la pluie de tomber. (HELVÉTIUS.)