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DE L'ESPRIT DES LOIS.

De plus, comme dans ces États les princes se jouent de la nature humaine, ils ont plusieurs femmes, et mille considérations les obligent de les renfermer.

Dans les républiques, les femmes sont libres par les lois, et captivées par les mœurs [1] ; le luxe en est banni, et avec lui la corruption et les vices.

Dans les villes grecques, où l'on ne vivoit pas sous cette religion qui établit que, chez les hommes même, la pureté des mœurs est une partie de la vertu ; dans les villes grecques, où un vice aveugle régnoit d'une manière effrénée, où l'amour n'avoit qu'une forme que l'on n'ose dire, tandis que la seule amitié s'étoit retirée dans le mariage [2] ; la vertu, la simplicité, la chasteté des femmes, y étoient telles, qu'on n'a guère jamais vu de peuple qui ait eu à cet égard une meilleure police [3].

  1. A. Et retenues par les mœurs.
  2. Quant au vrai amour, dit Plutarque, les femmes n'y ont aucune part. Œuvres morales, traité de l'Amour, p. 600. Il parloit comme son siècle. Voyez Xénophon, au dialogue intitulé Hieron. (M.) — Ce n'est point Plutarque qui dit cela, mais un des personnages du dialogue.
  3. A Athènes, il y avoit un magistrat particulier qui veilloit sur la conduite des femmes. (M.)
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