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LIII
A L’ESPRIT DES LOIS.


versant l'ordre que Montesquieu a suivi dans les chapitres de son livre ; il a espéré que par ce moyen il répondrait à des objections, faites par des hommes qui ne saisissent pas la liaison des idées, ou qui se plaisent à tout critiquer « comme si c’étoit un moyen de se venger d’une supériorité qui blesse leur amour-propre [1].» L’intention de Pecquet était bonne ; mais l’exécution est médiocre ; il y a peu de chose à tirer de son analyse, quoiqu’elle soit faite avec soin, et qu’elle contienne quelques réflexions judicieuses.

D’Alembert et Pecquet sont des admirateurs de Montesquieu ; on n’en peut dire autant de Crévier, qui publia en 1764 des Observations sur le livre de l'Esprit des lois [2]. Crévier, professeur de rhétorique au collège de Beauvais, s’était fait un certain nom au dernier siècle comme continuateur de Rollin ; mais il n’était pas de taille à se mesurer avec Montesquieu, et il n avait rien de ce qu’il faut pour le juger avec équité. Pédant et dévot, il reprend la succession des Nouvelles ecclésiastiques et de Dupin, pour traiter de la façon la plus dure un auteur qui, à son avis, manque de patriotisme, d’érudition, de logique, et qui n’est qu’un ennemi de l’orthodoxie chrétienne ; ennemi d’autant plus dangereux qu’il est plus caché. A l'Esprit des lois il oppose le traité de droit naturel que le chancelier d’Aguesseau a mis en tête de son Instiiuiion au droit public. M. d’Aguesseau, voilà pour lui l’écrivain vraiment illustre, le philosophe chrétien « qui a une supériorité infinie sur celui qui n’a suivi qu’une raison aveugle [3]

Les Observations sont divisées en deux parties. § I. Défaut d’exactitude sur les faits historiques et dans l’interprétation des textes. § II. Faux principes en matière de métaphysique, de morale et de religion.

  1. Avertissement p. VI.
  2. Paris, chez Desaint, un vol. in-12.
  3. Observations, p. 155.