Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t5.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
33
LIVRE XXII, CHAP. XII.


plus voisine de la Grèce et de la Sicile, se trouva peu à peu entre deux peuples riches : les Grecs et les Carthaginois ; l’argent augmenta chez elle ; et la proportion de 1 à 960 entre l’argent et le cuivre ne pouvant plus se soutenir, elle fit diverses opérations sur les monnoies, que nous ne connoissons pas. Nous savons seulement qu’au commencement de la seconde guerre punique, le denier romain ne valoit plus que vingt onces de cuivre [1] ; et qu’ainsi la proportion entre l’argent et le cuivre n’étoit plus que comme 1 est à 160 [2]. La réduction étoit bien considérable, puisque la république gagna cinq sixièmes sur toute la monnoie de cuivre. Mais on ne fit que ce que demandoit la nature des choses, et rétablir la proportion entre les métaux qui servoient de monnoie.

La paix, qui termina la première guerre punique, avoit laissé les Romains maîtres de la Sicile. Bientôt ils entrèrent en Sardaigne, ils commencèrent à connoître l’Espagne : la masse de l’argent augmenta encore à Rome. On y fit l’opération qui réduisit le denier d’argent de vingt onces à seize [3] ; et elle eut cet effet, qu’elle remit en proportion l’argent et le cuivre : cette proportion étoit comme l'est à 160 ; elle fut comme 1 est à 128 [4].

Examinez les Romains, vous ne les trouverez jamais si supérieurs que dans le choix des circonstances dans lesquelles ils firent les biens et les maux [5].

  1. Pline, Hist. nat., liv. XXXIII, art. 13. (M.)
  2. Comme 160 est à 1.
  3. Pline, Hist. nat., liv. XXXIII, art. 13. (M.)
  4. V. sup. c. V, note 2.
  5. Cette dernière réflexion n'est pas dans A. B.
    ______________