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DE L’ESPRIT DES LOIS.


la plume d’un chrétien ; et l’auteur, embarrassé de cette question, a pris le parti de supprimer ce que nous venons de rapporter de son texte ; après quoi il nous dit qu’il ne pense pas comme les stoïciens, qui admettoient la fatalité. Mais plus les stoïciens auront été irréligieux envers Dieu, et plus l’auteur sera coupable d’avoir dit de leur religion qu’il n’y en a jamais eu dont les principes fussent plus dignes de l’homme, et plus propres à former les gens de bien ; et qu’elle seule savoit faire les citoyens, les grands hommes et les grands empereurs. Quand on parle ainsi d’une secte antichrétienne, et que l’on dit : Je suis chrétien, le dit-on sérieusement ?


1er mai 1750.


Nous avons reproché à l’auteur de l'Esprit des Lois, d’avoir dit que les lois civiles de quelques pays peuvent avoir eu des raisons pour flétrir l’homicide de soi-même ; mais qu’en Angleterre on ne peut pas plus le punir qu’on punit les effets de la démence ; que chez les Anglois l’homicide de soi-même est l’effet d’une maladie ; que cette action tient à l’état physique de la machine, et est indépendante de toute autre cause. L’auteur continue à penser sur l’article des Anglois comme dans son livre, ce qui fait horreur ; mais le texte que nous venons de rapporter va plus loin. On n’y blâme l’homicide de soi-même que pour quelques pays qui peuvent avoir eu des raisons de le flétrir. Ce qui suppose que dans presque toute la terre l’homicide de soi-même ne doit point être flétri.

L’auteur essaye de se justifier sur l’article de la polygamie ; mais qu’il se justifie mal ! Il passe sous silence le reproche d’avoir dit que la loi qui ne permet qu’une